mardi 19 décembre 2023

Récit sur Nassera

 2eme jet

Nassera : une athlète algérienne


La marathonienne

Nassera est une marathonienne de 35 ans, habitant à Tamanrasset, au sud de l’Algérie, à 400 km du Mali. Elle fait partie des Touaregs, une ethnie Berbère. Ces parents qui étaient nomades, ont fini par s’installer proche de cette ville à sa naissance.

Sa reconversion

Elle souhaite participer aux J.O. de Londres, en 2012. Le jour des qualifications, elle rate le départ et ce petit décalage lui coûtera sa sélection. Cette athlète décide alors de se tourner vers la voile, le seul sport où les qualifications sont directes car il manque de participants.

Elle cherche donc un lieu proche de chez elle où s’entraîner aux alentours, dans le désert du Sahara. Quelle chaleur étouffante !

Elle préfère d'abord s'entraîner sur un simulateur 3D pour découvrir les sensations en mer.


Entraînement dans le désert en voile !

En grimpant dans les dunes, le paysage est vraiment magnifique. Elle aperçoit d'abord un mirage, une oasis où elle aurait pu reprendre des forces, se désaltérer

Heureusement, dans les soirées de pleine lune, elle peut se promener en trouvant un peu de fraîcheur.


Elle distingue au loin, une caravane d'une centaine de chameaux traversant l'Atlas, ils ramènent des épices prisés d'Orient.

Le vent sculpte chaque jour les dunes, parfois en forme d'étoiles, en forme de croissants ou de vagues.


Ici, il est impossible de pratiquer la voile, il va falloir qu'elle s'adapte. Soudain, elle a une idée, pourquoi pas le Kite-surf dans les dunes et le char à voile sur un sol plat et dur.


Le Kite-surf

Elle choisit d'abord la dune du Mehejibad pour s'entraîner au kite-surf. En effet, ce sport lui apprend à jouer avec le vent. En descendant les grandes pentes de sable, elle ressent un sentiment de liberté. Elle s'amuse parfois à sauter sur des vagues de sables qui ressemblent à des bosses.


Soudain, en pleine vitesse, elle provoque une avalanche... Dans sa chute, elle entend un bruit sourd, celui de la dune hurlante. Quand elle atterrit au pied de la dune, proche d'un oued, le lit d'une rivière asséché, elle se remet doucement de ses émotions. Puis, elle décide de changer d'activité après une telle peur.


Le char à voile

Elle se met au char à voile. D'abord, elle remonte l'oued sur plusieurs kilomètres puis ramasse des cailloux pour former des bouées de marquage pour apprendre à manœuvrer. Soudain, elle commence à sentir le sable la fouetter. Le Sirocco ! Un gigantesque mur de sable se dresse, il l'aveugle et l'étouffe. Ce brouillard doré est à couper au couteau !


N'ayant pas le temps de rentrer, elle décide de s'abriter dans une ancienne casbah. Elle attend patiemment que la tempête de sable passe et s'endort d'épuisement. Quand elle se réveille, elle se rend compte qu'il est tard, très tard. Pour reprendre des forces, elle finit sa nuit sur place. Elle poursuit cet entraînement jusqu'à son départ pour Londres.


Semaine d'entraînement en mer à Weymouth !

Une semaine avant les J.O., elle se rend à Weymouth, au sud-ouest de l'Angleterre pour s’entraîner en mer. Là, elle rencontre à son grand étonnement la fameuse Xu Lija, la favorite de la régate. Elle va la préparer aux épreuves. Toutes les deux sont parties repérer les lieux et leur dériveur en solitaire, un « Laser Radial ». Une embarcation légère et facile à manœuvrer. Elles sont satisfaites du matériel.


Lorsqu'elle s'entraîne en mer pour la première fois, elle tombe, chavire puis démâte sous une pluie battante.


Dès le deuxième jour, elle prend de l'assurance, mais elle se prend la bôme en pleine tête. Elle tombe KO au fond de son bateau.

Le troisième jour, Nassera plonge dans l'eau avec son gilet de sauvetage pour se familiariser avec les vagues en cas de chute. Comme l'eau lui paraît glacée ! Soudain, elle crie d’effrois, un curieux animal se colle à elle : un poulpe tout gluant !!!


Le quatrième jour, Xu Lija lui présente ses palmarès et lui explique comment elle gagne, elle lui donne un cours tactique.


Le cinquième jour, Nassera s’entraîne sans relâche en appliquant tous les conseils de son amie.


Le sixième jour elle se sent plus à l'aise au maniement de la voile. Au bout d'une heure, son embarcation est au large, quand une violente tempête se lève avec un courant puissant. Paniquée, elle dérive et sa coque heurte un écueil rocheux à fleur d'eau, son bateau chavire et se fracasse dans le récif. Elle est très gravement blessée. Un hélicoptère vient rapidement à son secours.



A l’hôpital


Une fois à l’hôpital, elle se retrouve dans une chambre blanche avec un lit bleu et qu'elle n'a plus l'usage de ses jambes. Ses rêves de médailles partent en fumée. Elle est au fond du gouffre. Elle va passer quelques mois ici, le temps qu’elle se rétablisse.

Dans ses affaires, elle retrouve sa croix du sud en argent, le talisman que lui a donné sa mère à sa naissance. Il représente une constellation qui lui sert de boussole. Il lui permet aussi d’accéder à la Sagesse grâce à sa clé à motif touareg. Ce pendentif sacré lui redonne espoir en pensant à sa mère qui l’a toujours soutenue dans ses projets.

Soudain, une idée lui vient.... Pourquoi ne pas retrouver son sport de prédilection, le marathon aux jeux paralympique.

Elle commencera son entraînement intensif dès qu’elle se sentira mieux. En effet, elle doit se remuscler tout le haut du corps. Un sacré travail l’attend.


La recherche d'un sponsor


Pour concourir à cette disciple, le matériel nécessaire est très coûteux. Elle n'a pas les moyens de se payer un fauteuil performant... Elle recherche un sponsor grâce aux réseaux sociaux.

Très rapidement, une entreprise la contacte pour l'aider.



L'entrainement en cardio et en muscu


Tout d'abord, elle regagne la salle de sport pour se muscler tout le buste : les bras, les dorsaux, les abdos et des pectoraux, en attendant son fauteuil.

Elle doit se refaire un nouveau corps.

Voici son travail quotidien :

10 séries fractionnées de 50 secondes de gainage.

10 séries fractionnées de 100 pompes.

A la salle, elle y va petit à petit, car elle a peur de reproduire la même erreur qu'à la voile.

10 séries fractionnées de 50 tractions avec des altères de plus en plus lourdes chaque jour.

Elle intensifie chaque semaine son programme et s'accorde un jour de repos par semaine et une semaine de vacances par trimestre.


Quand elle reçoit enfin son fauteuil à trois roues trois mois plus tard, elle fait vingt tours par jour, sur un chemin de terre, autour de la ville de Tamanrasset. Elle devient une vedette locale !


Ce travail dura 4 ans, avant son arrivée à Rio, elle est prête mentalement et physiquement pour la médaille d'or. 

 



Arrivée à Rio


Une fois arrivée à Rio, elle découvre la ville et essaie de prendre ses marques. Le marathon aura lieu en pleine ville. En se baladant, elle tombe par hasard sur le lieu de départ et d'arrivée de l'épreuve, les gradins du Sambodrome. Elle se sent intimidée en voyant une grande statue surplombant la ville, le grand Corcovado, aussi appelé Christ Rédempteur qui mesure près de 38m de haut. Lui portera-t-il chance, lui aussi ?

La course est une boucle qui traverse la ville en passant par les plages et le fort de Copacabana. Cette semaine sera chargée, elle va devoir mémoriser le parcours et se repérer dans cette grande ville. Elle passe dans la célèbre avenue Atlantica près de la plage pour y acheter des souvenirs à sa famille. Elle prend ensuite le téléphérique pour profiter de la vue magnifique du Pain de Sucre. Elle a une vue plongeante sur les favelas, ces logements miséreux qui s'empilent jusqu'en haut, puis elle découvre la baie de Rio et les villes côtières qui s'étalent au loin. Comme c'est splendide.



Elle rentre tard à l'hôtel. Le lendemain matin, elle se réveille de bonne heure pour bien commencer la journée. Elle prend son petit-déjeuner et choisit :


  • des flocons d'avoines avec du lait

  • des céréales au chocolat

  • du chocolat chaud

  • du jus d'oranges

  • du fromage blanc


Après ce repas copieux, elle prépare ensuite son fauteuil pour l'épreuve.

Sur place, elle rencontre ses adversaires dont la favorite, Zou Lihong, encore une athlète chinoise !


Elle commence par faire des tours de piste sur son fauteuil pour s'habituer au nouveau revêtement en bitume. C'est le soir, elle commande une soupe au buter note et une salade César. Quelques minutes après, elle tombe de fatigue.


Le jour J


Le jour J, Nassera se rend sur le lieu du départ, s'aligne avec les autres concurrentes et se concentre. La course débute ! Elle fait un assez bon départ au coude à coude avec Zou Lihong. Elle n'a pas l'avantage, mais ne perd pas trop ses forces. Bien sûr, Zou Lihong ne se laisse pas faire et reste en tête de la course alors que Nassera est rattrapée par le deuxième peloton à mi-parcours. Elle fait le choix judicieux de profiter de l'aspiration de ses adversaires pour préserver ses forces. En fin de course, elle récupère des places et se rapproche des meilleurs. Elle repousse ses limites, dans ses derniers retranchements. Pour finir, elle arrive, avec quelques secondes d'écart, deuxième. Un peu déçue, mais fière, tout de même, de sa performance !

Elle félicite Zou Lihong pour sa superbe course et elles montent, main dans la main, sur le podium.