mardi 21 mars 2023

Atelier d'écriture Récit

 Dernier jet



Double périple au cœur du froid

Le 27 novembre 1804, j'étais chez moi, à Venise. Je reçus une lettre de la part de Napoléon. Je l'avais connu pendant la campagne d'Egypte. Il me demandait d'assurer la sécurité de son frère, Jérôme Bonaparte, lors de son voyage de noces, en Amérique, aux chutes du Niagara. En effet, il avait parfois des idées saugrenues, dangereuses, voire suicidaires. Je partis sur le champ.


J'arrivais sur place le 24 décembre 1804 et je retrouvais le couple emmitouflé dans leurs fourrures. Sa fiancée était une américaine splendide.

Le temps était glacial. Il faisait – 50°C, un froid très rare dans cette région. Le paysage était comme pétrifié par la glace. J'admirais ce spectacle immaculé.

Du balcon qui surplombait la chute du « Fer à Cheval », la vue était impressionnante. Elle était gigantesque, sa hauteur était de 53 mètres. A mon grand étonnement, elle abritait des ours polaires venant d'Alaska. En même temps, je surveillais discrètement Jérôme.

Quelques jours après, je réussis à l'aborder après lui avoir offert un verre. Ensuite, il me défia d'escalader les chutes du Niagara. Je compris donc pourquoi Napoléon m'avait demandé de me charger de sa sécurité. Mais, j'acceptais tout de même.


Je m'armais d'un piolet, d'un harnais, de chaussures à crampons, d'une corde pour m'assurer et de mon courage. Je vérifiais aussi plusieurs fois notre équipement. La montée était très ardue, les pentes étaient extrêmement abruptes et glissantes. A plusieurs reprises je m'assurais que Jérôme était bien là. Ma détermination sans faille m'aida à attraper les meilleures prises et celles les plus éloignées. Heureusement, j'étais grand, donc très avantagé ! Lorsque je fus au sommet, j'étais fier. Jérôme était loin derrière. J'avais gagné le pari.


En récompense, il me proposa une virée en chiens de traîneau avec un trappeur chevronné, un inuit venu du Grand Nord. J'appris avec lui les différentes façons de disposer les huskys : l'attelage en tandem simple ou double pour traverser la forêt et en éventail pour la plaine. Les chiens pouvaient parcourir jusqu'à 150 kilomètres par jour. J'étais ébahi ! Le plus intelligent était devant, car il comprenait bien les ordres de son maître et il était le plus vigilant.

Pendant la soirée du troisième jour, je vis des aurores boréales. J’étais fasciné par ce dégradé de couleurs dans le ciel. Ici, je vivais vraiment en harmonie avec la nature.

Le lendemain matin, j'appris l'art de la chasse au lasso. Nous trouvions assez de nourriture : des caribous, des bœufs musqués et des rennes. Nous continuions notre voyage. Au bout de quatre jours, nous arrivions à la baie d'Hudson. Ici, je pouvais même pêcher en creusant un trou. Nous attrapions fièrement un phoque. Nous partagions ensuite la nourriture avec les chiens. Au bord de l'eau, le froid était mordant et me transperçait.

Pour ne pas gaspiller mon énergie, je consolidais un igloo abandonné pour me protéger du blizzard.


Peu avant notre retour, le trappeur cherchait du bois, pendant que je rêvais en me réchauffant près du feu. Soudain, un soldat surgit. Il avait envie de compagnie. Il avait connu les anciennes colonies françaises, celles de la Nouvelle France. Il aimait tellement cette région qu'il avait décidé d’y rester. Il faisait fortune dans le commerce des fourrures.